Complètement à l’est !

We have reached the eastest point of our travel: the Danube Delta. Originating in Germany, the Danube flows through 10 countries and ends up in the Black sea. There we spent a day with the waterbirds and visited the little port of Sulina. We received a warm welcome from the inhabitants although it was a bit difficult to communicate.

Nous voici dans le Delta du Danube, la destination la plus orientale de notre voyage !

Nous sommes arrivés à Tulcea. La ville n’est pas vraiment belle: chantiers navals, chantiers tout court et immeubles en béton plutôt délabrés. Les quais sont inaccessibles, même les musées sont fermés et nous n’avons rien trouvé à y faire. Nous sommes logés au 7e étage d’un immeuble en travaux, ce qui nous permet tout de même d’avoir une belle vue sur le Danube et de nous maintenir en forme en grimpant tous les étages. Et puis de toutes façons, on ne va pas s’éterniser ici puisqu’on a rendez-vous de bon matin avec Victor et les oiseaux du Delta ! 

Tulcea

Le Delta du Danube est une des plus grandes réserves naturelles au monde. C’est le paradis des poissons et des oiseaux, là où les derniers pélicans d’Europe ont  trouvé refuge. Ici, pas de train ni de voiture, la voie maritime est la seule option pour se déplacer. Il y a bien quelques villages de pêcheurs isolés, habités pour la plupart par des minorités russes et ukrainiennes, mais la majorité des occupants du Delta sont des oiseaux, des poissons ou des grenouilles. Nous avons hâte de faire leur connaissance !

Nous partons donc avec notre guide Victor sur son petit canot à moteur pour une excursion au milieu des roseaux et des nénuphars. Victor, avec ses yeux de lynx et sa paire de jumelles, a le chic pour repérer les oiseaux et les nids pourtant bien cachés. Il connaît tous leurs noms en russe, roumain et en anglais ! Il nous montre un martin-pêcheur, des sternes, des pélicans, des cigognes, des hérons, des aigrettes, des cygnes, un aigle, des cormorans, des mouettes, des canards, des oies, un serpent, des grenouilles, des chevaux sauvages, des vaches qui nagent, un chacal doré, des poissons, des libellules…sans compter ceux qu’on entend mais qu’on ne voit pas (le coucou !)… Bon, il va falloir nous croire, car toutes ces petites bêtes étant timides et rapides comme l’éclair, on ne les a pas toutes en photos !


A l’heure du déjeuner, nous faisons une halte dans le village de Mila 23, situé sur un petit bout de terre au cœur du Delta. Le village a hérité de ce drôle de nom lors de l’aménagement des voies navigables, car il se trouve à 23 miles de l’entrée du bras du Danube.

Comme nous sommes un peu au bout du monde (à plus de trois jours de marche du premier fast-food 🍔), Victor nous propose de goûter à la cuisine locale et nous nous attablons dans le joli jardin de ses amis. Au menu: une marmite de soupe de … poisson-chat avec ses tartines de mayonnaise à l’ail, puis un gigantesque plat de …poisson-chat avec de la polenta ! Un repas plutôt exotique et relevé, mais si gentiment servi qu’on a passé un très bon moment !

La soupe de poisson-chat

Après une rapide visite du village, nous remontons dans le canot de Víctor pour poursuivre notre navigation entre les roseaux. Par moments avec la couleur de l’eau (non, le Danube n’est pas bleu du tout !) et la végétation très dense, nous pourrions nous croire sur l’Amazone … En tous cas, nous sommes tous enchantés par cette journée passée dans le delta du Danube et nous quittons Victor avec des chants d’oiseaux plein la tête !


Maintenant, direction le phare-est ! Nous nous rendons à Sulina, le petit-port-du-bout-de-l’Europe ! Situé au bord de la mer Noire, à l’embouchure du Danube, c’est une des frontières orientales de l’Union Européenne. En face de la plage, c’est l’Ukraine, la Russie, la Géorgie et la Turquie…

La plage de Sulina

Ici, il y a 5 rues, toutes parallèles au canal et numérotées à la manière des rues new-yorkaises. Les 2 premières sont goudronnées, les autres…sont des chemins de terre et de sable. Nous logeons dans une petite pension familiale. Personne n’y parle anglais…ni roumain d’ailleurs ! Mais la vieille dame qui nous accueille n’a pas besoin de mots pour nous faire comprendre sa joie de nous recevoir et nous donne à chacun un gros bisou sonore sur la joue !


Le canal qui mène à Sulina a été aménagé au XIXe siècle pour permettre la navigation des céréaliers. En dehors de l’activité portuaire et de la saison touristique, la vie semble être un peu ralentie à Sulina. En hiver l’eau peut geler par endroits, isolant encore davantage les petits villages du Delta.

Pourtant, au début du XXeme siècle, Sulina était une des villes les plus prospères et cosmopolites de Roumanie: la Commission Européenne du Danube était établie ici, attirant des grecs, des italiens, des turcs, des anglais, des serbes, des russes, des arméniens … Le commandant du port, Eugeniu Botez (alias Jean Bart) renomma d’ailleurs la ville « Europolis » dans un roman écrit en 1933 dans lequel il raconte le passé animé de Sulina, qui luttait pourtant déjà contre le déclin et l’ensablement.


A Sulina, il y a des épaves de bateaux, des usines désaffectées, des bâtiments abandonnés et beaucoup de chiens errants. Mais il y a aussi des cafés et des restaurants de poisson sur le port, de jolies maisons peintes et de beaux jardins garnis de vignes et de fleurs. Les habitants se réunissent et discutent dans une ambiance festive, avec de la musique tout au long de la journée. Le dimanche, des chants religieux sont diffusés devant les églises pour les étourdis qui auraient oublié la messe !

C’est avec l’impression d’être allés au bout du monde que nous repartons, avec un seul regret, celui de ne pas avoir pu visiter le phare de Sulina, qui était en cours de rénovation !

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